La Symphonie n° 8 de Dvorák
En 1865, la création de Tristan et Isolde de Wagner représenta un véritable séisme : tous les compositeurs d’Europe ou presque se trouvèrent contraints à prendre position, qu’ils en fussent des dévots ou des contempteurs. En cause : ce prélude et cette mort d’Isolde (une mort d’amour !) aux mélodies infinies et aux harmonies capiteuses qui ébranlaient le langage tonal pluriséculaire. Le beau-père de Wagner, Liszt, n’était pas moins aventureux : le Premier Concerto et ses déferlements ébouriffants suffisent à s’en convaincre. À côté, l’entêtante Huitième, la plus dansante des symphonies de Dvořák, semble un havre de paix.
Carrefour de civilisations s’il en est, les Balkans ont toujours été l’une des routes où se croisaient caravanes, marchandises, réfugiés, cultures et religions dans l’entrechoquement fécond des grands empires. Ce creuset vivace et inventif se reflète dans la programmation d’un temps fort où la musique règne en maître. Ainsi l’ensemble vocal et instrumental L’Arpeggiata, réuni par la théorbiste, luthiste et harpiste Christina Pluhar, revisite les répertoires traditionnels de l’époque baroque. Plus contemporaine se veut la Babel Connexion du brass-band métissé du Haïdouti Orkestar. Entre fête rom, éclat fauve des cuivres et chant enivrant en arabe, les influences orientales se mâtinent d’envolées tsiganes. Quant à l’influence de ces esthétiques sur la musique moderne, c’est l’Orchestre national de Metz Grand Est, dirigé par David Reiland, qui en assure la relecture, des motifs wagnériens aux emprunts populaires de Dvořák !