Clara Ysé
Chevaux de feu, syncope aux fées. On dit qu’à l’origine, le poème était une chanson. Comme toutes les mythologies, celle-ci est devenue intraçable. Pourtant, à écouter Clara Ysé, ses mots-cavalcade, ses vers-prophétie, sa voix qui s’arque-boute de l’ombre à la lumière, on croit voir le poème incarné. La chanteuse-poète et ses musiciens prodiges nous fraient un chemin dans une forêt aux symboles inclassables tant ils empruntent et synthétisent des rythmes-mythes variés. Chanson française, polyphonies épiques, fusion, la chanteuse avance, en équilibre, entre des mondes, au bord des mots, et les unit dans un spectacle puissant, envoûtant et généreux.
Il est fascinant ce visage, flouté, hantant la pochette d’un premier EP remarqué (Des Restes). Mais sur scène, Clément Visage tombe le masque, dévoile une pop électronique subtile et en français, pour des chansons en forme de courts-métrages. Avec son univers énigmatique et sa voix haut perchée, faussement fragile, rien d’étonnant à ce que le Nancéien, aujourd’hui installé à Strasbourg, ait commencé par reprendre les mystérieux Christophe et Mylène Farmer. Jamais le flou n’avait paru aussi séduisant.