Goran Tomašević
Goran Tomasević l’a toujours souligné dans une interview en 2021 lors de sa participation au Jury des « Istanbul Photo awards » : « Le message porté par une photographie est primordial »
Telle la photo de ces gamins qui pratiquent un football très joyeux n’ayant pour but que d’oublier la guerre qui noircit à quelques centaines de mètres près, leur terrain de vie et de jeu sous les colonnes des bombardements en cours. Les pleurs : de la petite Mave Grace en République du Congo en 2009, des mères à Bert Lahia dans la bande de Gaza en 2005, au Soudan en 2012, la chute du buste de Saddam Hussein à Bagdad en 2003 – objet de plus de 150 couvertures de magazines et quotidiens.
La liste serait ici trop longue de toutes ces images, objet d’un sens esthétique garantie d’une composition, d’un cadrage exemplaire. Sans donner dans une compassion jamais virtuelle, ses images parlent pour lui – pour mieux donner la parole à toutes les victimes sur le terrain des conflits. Et ce n’est point par hasard si le choix de la 4 de couverture pour le livre évènement -est une des photos préférées de Goran : la fillette aux yeux bleus tout ébahie de stupeur, d’incompréhension dans le camp des déplacés qui l’accueille au Cachemire après le tremblement de 2005. Depuis la Serbie de son enfance, premier champ de bataille « naturel » au Kosovo de son existence et d’épreuves alors argentiques, son regard foudroyé s’est fait foudroyant. Pour prouver à travers la puissance et la beauté pathétique de ses images que la guerre n’est jamais belle – mais toujours sale. Elles sont là pour instaurer entre nous toutes et tous, une réelle complicité, qui dans le climat anxiogène ambiant de Kabul à Kiev ou Téhéran - fait de nous – sans nous voiler la face, des citoyens solidaires et vigilants. Dans le droit fil de ce qu’écrit fort à propos son ami et employeur David Thomson : « Les photographies de Goran sont imprégnées de bruit , d’odeur et de ces essences de lieu. La peur personnelle est absente partout et les compositions rayonnent une force de vie, fragile et noble. Le spectateur est très conscient du mouvement et du danger de trouver ces fils humains qui nous lient tous »
Alain Mingam, Lauréat et ex Vice-Président de Reporters sans frontières